Reaction des exilés après la declaration de Guillaume Soro
A priori, ils ne croient pas un seul mot du président de l'assemblée nationale, Guillaume Soro. Les exilés ivoiriens proches de l'ancien président Laurent Gbagbo par la voix de la voix de Damana Adia Pickas, leader de la Coalition des patriotes ivoiriens en exil (Copie) ne ferment pas pour autant la porte d'une négociation pour leur retour au pays. << Si le président de l'assemblée nationale pense qu'il est temps de régler les problèmes des exilés, si ses propos sont sincères et qu'il prétend même effectuer un déplacement pour venir rencontrer les exilés pro-Gbagbo, c'est une bonne chose. Et ce sera l'occasion pour ces milliers d'ivoiriens en exil, qui n'ont pas encore eu l'occasion de lui parler en face, de le faire, a indiqué Pickas, joint hier par téléphone.
Mais il soupçonne Guillaume Soro de faire de la question très sérieuse des exilés, << un fond de commerce qu'on agite à la faveur de la météo politique du pays.>>
Au cours du meeting qui clôturait sa tournée dans la région de l'Agnéby-Tiassa, samedi dernier, Soro s'est dit prêt à aller chercher les exilés, à la demande des populations qui ont estimé que ce serait un acte majeur de réconciliation. << Que les exilés rentrent. Si vous avez des noms d'exilés, je suis prêt à aller les chercher s'ils ont peur, parce que le Côte d'Ivoire est notre pays à nous tous>> a-t-il déclaré. Simple annonce ou réelle volonté de mettre fin à l'exil de ces ivoiriens? En tout cas pour Damana Pickas, << les appels à la réconciliation et au retour des exilés ne sont pas rassurants>>. << Nous n'avons pas confiance en un processus, ni à un régime qui ne garantit pas les libertés et les droits des citoyens. Pour que leurs appels soient crédibles, il faut, par exemple, que nos camarades qui sont déténus arbitrairement dans les prisons en Côte d'Ivoire depuis trois ans sans même être presentés devant un juge, soient libérés. Il faut que les libertés publiques soient respectées en Côte d'Ivoire, que l'épée de Damoclès ne plane plus sur la tête des leaders politiques>>, a-t-il indiqué. Il a noté la récente convocation de membres de la direction de leur parti, le Front Populaire Ivoirien (Fpi), à la Brigade de recherche suite à leur mot d'ordre de boycott du recensement des populations, comme un fait qui ne rassure pas les exilés à revenir au pays.
Par ailleurs, informe Pickas, ils n'ont pas encore récu un appel officiel de la direction du Fpi, leur demandant de mettre fin à l'exil. A contrario, note-t-il, la dernière convention de l'ex-parti au pouvoir a retenu que les conditions favorable à un retour des exilés n'étaient pas réunies et que les discussions étaient toujours en cours avec le pouvoir pour la prise en compte des exigences du parti de la réfondation. << Nous nous en tenons à la décision de la direction du parti. Ceux qui sont rentrés, c'est un autre problème, et nous ne maîtrisons pas les contours. Tous est une question de garantir les libertés publiques. Il ne s'agit pas de nous appeler dans une prison à ciel ouvert>>a -t-il dit faisant remarquer que bien qu'il soit en liberté provisoire, le président du Fpi Pascal Affi Nguessan, le fils de l'ancien président, Michel Gbagbo, ne peuvent pas sortir du pays.
<<Si donc président de l'assemblée nationale veut venir chercher les exilés, c'est qu'il a en idée que tous les ivoiriens se retrouvent. Il appartient donc au gouvernement ivoirien d'envisager de laisser tomber toutes les poursuites contre Laurent Gbagbo, Ble Goudé et tous les ivoiriens, afin que dans une ferveur patriotique, nous nous retrouvions tous au pays pour régler les problèmes>>, a-t-il conclu.
Hamadou ZIAO in L'INTER du mardi 20 mai 2014.
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