Damana Pickass sans detours
INTERVIEW DAMANA ADIA PICKASS AVEC
« LE TEMPS »
1/ Quelle est votre réaction suite à la libération des prisonniers politiques ?
C’est avec un sentiment de
joie que nous avons appris cette nouvelle. C’est toujours avec gaieté qu’on
apprend la libération de ses camarades de lutte injustement incarcérés et
surtout dans les circonstances inhumaines que nous avons connues. Tous les
scenarios mêmes les plus dramatiques étaient possibles. C’est pourquoi cette libération
toute aussi brusque qu’inattendue s’appréhende comme une résurrection, un
retour à la vie. Nous ne pouvons donc pas bouder notre plaisir. Dès l’annonce
de cette nouvelle nous avons pousse un grand cri de joie et remercié CHRIST
JESUS car nos camarades sont des miraculés. Il faut ajouter aussi que cette
libération ne s’est pas faite selon le bon vouloir du pouvoir Ouattara. Dans
cet acte, il ne faut pas occulter la pression de la communauté internationale
et celle des démocrates ivoiriens en interne conduit par le Fpi, en exil et
aussi de la diaspora pour dénoncer les pratiques anti-démocratiques et
liberticides qui ont cours dans notre pays. Cela montre que le combat politique
mené sur tous les fronts (interne et externe) n’est pas vain et porte fruits. Il faut donc continuer la
mobilisation, ne pas lâcher prise car comme le dit notre guide, le président
Laurent GBAGBO « le serpent n’est pas encore mort ». Il reste encore
des bastilles à prendre, des défis à relever et nous ne devons reculer devant
aucun obstacle quel qu’il soit.
Nous tenons à préciser que cette vague de libération
n’aura un sens et constituera une avancée
significative que si elle débouche inexorablement sur la libération du président
Laurent Gbagbo et de celle de tous les prisonniers politiques civils et
militaires.la réconciliation vraie et équitable se fera avec Laurent Gbagbo ou
ne se fera pas.
2/ Pourquoi une liberté provisoire et non définitive (2-5) ?
Comme nous l’avons dit plus haut, le régime Ouattara a même été surpris par
cette libération. La liberté provisoire est une occasion pour lui de se donner
l’illusion de maitriser une situation qu’il appréhende mal, en vue d’exercer
des pressions morales et psychologiques voire intimidations sur les ex-détenus.
Car dans ses calculs, et nous en avons maintenant confirmation, Ouattara n’avait pas prévu tel
scénario. Nous avons même appris que la libération du président Affi et du vice
président Sangaré Aboudrahamane n’était pas à l’ordre du jour.
Ce n’est donc pas un régime qui opte pour la réconciliation et la paix,
mais qui est dépassé par les évènements, au point où ses propres soutiens
commencent à douter de ses capacités à diriger un pays comme la Cote d’ivoire.
3/ Avez-vous échangé avec eux après
leur libération (6-8) ?
Bien évidemment, nous avons pu échanger avec
certains d’entre eux dont nous taisons volontairement le nom. Nous avons été
heureux de constater que la prison n’a pas altéré leur soif de liberté, de
justice et d’égalité. C’est avec de véritables combattants pour la démocratie
que nous avons échangé. Et cela a renforcé notre fierté de les avoir comme
camarades de lutte, et déculpe ainsi notre volonté à continuer le combat avec
sérénité et dignité. Tous ont à cœur la libération effective de notre nation et
la restauration de l’état de droit. Il faut aussi et surtout souligner le
comportement exemplaire, l’extrême droiture et dignité dont ces camarades ont
fait preuve en dépit des conditions exécrables de détention. Ils n’ont pas
versé dans la compromission ni dans le
marchandage. La Cote D’ivoire
peut compter sur eux.
4/ Simone Gbagbo n’a pas
été libérée (9-10) ?
La première dame Simone GBAGBO n’est pas n’importe qui dans le combat pour
la conquête des libertés individuelles et collectives dans notre pays. C’est
une femme de caractère et très assise sur ses convictions. Les gens croyaient
la ramollir et l’amener à se renier en l’isolant à Odienné et en lui faisant
subir toutes sortes d’humiliations et de frustrations. Or, ils oublient qu’elle
est membre fondateur du Fpi, parti qui a œuvré pour l’avènement du
multipartisme en Cote d’ivoire. Simone
Gbagbo libérée, c’est tout le mensonge du régime Ouattara qui s’écroule. Car n’oubliez pas que comme son
époux, elle est accusée de crimes impossibles contre l’humanité et réclamée par la CPI. Elle
est comme son époux, un os dans la gorge de ses pourfendeurs. C’est toujours
dans leur stratégie de garder la main et de pouvoir exercer des pressions
qu’ils font ces libérations à contre goutte. Mais, Simone Gbagbo est de la
trempe de Sangaré Aboudrahamane et Affi N’Guessan. Si, nous avons toujours
besoin d’elle pour ce combat là, ses camarades qui viennent de sortir de prison
peuvent bien le mener. C’est pour dire que sa détention devient sans objet et
inopportune. Sa libération n’est qu’une question de temps. Nous retrouverons
bientôt notre maman chérie.
5/ Quelle est la prochaine étape (11) ?
Nous sommes pour la réconciliation sincère et
vraie. Pour cela donc, il faut la libération pure et simple de tous les
prisonniers politiques, civils comme militaires, simplement détenus pour leur
lien avéré ou non avec le président Laurent Gbagbo. Après la libération, il
faut opter pour le dégel des avoirs, la libération des domiciles et des plantations
illicitement occupées dans le fin fond du pays et restituer la sécurité
intérieure. Ne vous y méprenez pas, par sécurité, nous entendons la
responsabilisation effective des policiers et des gendarmes de métier. Car,
dans un état civilisé et démocratique, la police et la gendarmerie ont à
charge, la sécurité intérieure donc sécurise les personnes et les biens. Ce qui
n’est pas le cas actuellement, où la police est désarmée et désorganisée. La
gendarmerie est suspectée et constamment bafouée. L’armée est inexistante et
son rôle est joué par les Frci, qui sont majoritairement des éléments des
forces nouvelles de Soro Guillaume et de Dramane Ouattara, composé de chasseurs
traditionnels (dozos) et des civils (mécaniciens, transporteurs, apprentis
gbaka etc…) qui ne sont pas des professionnels des armes. Il ne suffit pas de
libérer des personnes ou de demander à des exilés de rentrer si la sécurité
n’est pas garantie. Nous n’avons pas confiance au système sécuritaire du régime
Dramane Ouattara et nous craignons pour la sécurité des camarades libérés. En
son temps, pour la réconciliation nationale, le président Laurent Gbagbo avait
garanti la sécurité de ses opposants, notamment Bédié et Ouattara, en leur
proposant de choisir eux même des policiers et gendarmes pour assurer leur
sécurité, gage de sa bonne foi envers eux. Ce qui a permis à ces derniers de
rentrer en toute quiétude en Cote d’ivoire et de vaquer librement à leurs
occupations. Mais la remarque que nous faisons actuellement, c’est que le
désordre sécuritaire qui a cours actuellement fait l’affaire du régime qui a
peur d’un retour à la normale car se sachant minoritaire et impopulaire en Cote
d’ivoire. Le constat est qu’il ne prospère que dans le désordre d’où sa
propension à régner par les armes. La tranquillité, l’ordre et la transparence
les dérange sérieusement.
6/ Un débat fait rage en ce
moment en Côte d’Ivoire c’est la nationalité. Quel est le regard du juriste
(12) ?
La
nationalité est le lien juridique qui traduit l’appartenance légale d’une
personne à un Etat déterminé, à un groupe d’individus unis par le territoire,
l’histoire, parfois par la langue ou la culture. La nationalité n’est donc pas
qu’un lien exclusivement juridique, il
est surtout un lien traduisant une réalité sociologique, géographique,
historique.
L’arrêt de
référence en la matière selon la jurisprudence est l’arrêt Nottebohm(Liechtenstein
c. le Guatemala) La Cour Internationale de Justice, dans sa décision rendue le
6 avril 1955, dans cette affaire en a
donné une définition qui fait autorité en la matière :
« la nationalité est un lien juridique,
ayant à sa base, un fait social de rattachement, une solidarité effective
d’existence, d’intérêts, de sentiments, joints à une réciprocité de droits et
de devoirs ; elle est peut-on dire, l’expression juridique du fait que l’individu auquel elle est
conférée, soit directement par la loi, soit par un acte de l’autorité, est en
fait rattaché à la population de l’Etat qui la lui confère plus qu’à celle de
tout autre Etat ».
La
nationalité est donc une question sensible qu’on ne traite pas dans la
confusion, suivant une approche unilatérale qui répond a des calculs personnels
politiciens .Tout comme il est tout aussi inconcevable d’injecter
brusquement dans le tissu social national un nombre aussi important d’étrangers
sans même un minimum d’enquête sur ces personnes. On assiste non pas à une
naturalisation mais a une nationalisation en masse des étrangers. Qui
nationalise t’on ? A quelle fin ? Pour quelle urgence ?
On ne
distribue pas la nationalité comme on distribue de petits pains, surtout quand
les concernés n’expriment pas toujours expressément la volonté d’acquérir la
citoyenneté ivoirienne. Sur cette question, j’invite les démocrates de tout
bord à rester vigilants et intransigeants.
7/ Pouvez-vous donc établir un lien précis
avec la crise ivoirienne (13) ?
C’est au nom d’un nationalisme nordiste que les
rebelles ont attaqué la Cote D’ivoire. En effet prenant prétexte de discriminations d’ordre identitaire dont
seraient victimes les ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire, lesquels
seraient assimilés à des étrangers et brimés à ce titre par les forces de
police, des assaillants venus du nord, ont dans la nuit du 18 au 19 septembre
2002, tenté de renverser le pouvoir en place. Mais dans la réalité et comme ils l’ont
confessé plus tard, les rebelles ont agi pour le compte et avec le soutien matériel
et financier d’Alassane Ouattara. Repoussés d’Abidjan, ils ont avec l’appui des
forces françaises, installé leur base à Bouaké, ouvert deux fronts à l’ouest,
et finalement occupé la moitié-nord du pays.
8/ Pourquoi Alassane Ouattara affirme-t-il
qu'il doit régler dans les meilleurs délais les problèmes de nationalité
conformément à l'accord de Linas-Marcoussis (15)?
Vous savez monsieur Alassane Dramane Ouattara
connait les conditions illégales et anti-démocratiques qui ont présidé à son avènement à la tête de
la Cote d’ivoire. C’est un chef d’état qui se sait minoritaire et qui souffre
d’une crise de légitimité notoire. Il faut donc remédier le plus rapidement
possible à cette défaillance dans la perspective des échéances électorales de
2015. Il veut donc se bâtir rapidement un électorat massif et captif en
instrumentalisant la question de la naturalisation des étrangers qui à
l’analyse ne se pose pas avec acquitté en Cote d’ivoire, au point de polariser
la vie politique. Monsieur Ouattara, dans cette situation ne se comporte pas
comme un chef d’état, il apparait plus comme le secrétaire général d’un
syndicat de personne à nationaliser. Il fonde tout l’espoir de sa réélection
sur le vote de ces nouveaux ivoiriens qu’il aura fabriqué sur mesure.
Quant il évoque l’accord de Linas Marcoussis, il
fait preuve soit d’ignorance, soit de mauvaise foi, voire de cynisme. Le RDR n’a
jamais appliqué une seule disposition des accords de Linas Marcoussis. Pourquoi
vouloir s’en prévaloir aujourd’hui ?
Cependant la
Table ronde a reconnu en premier lieu que le cadre juridique constitué par la
loi du 14 décembre 1961, portant code de la nationalité, modifiée par la loi du
21 décembre 1972, « fondé sur la complémentarité entre le droit du sang et
le droit du sol, et comportant des dispositions ouvertes en matière de
naturalisation par un acte des pouvoirs publics, était libéral et bien rédigé ».
La Table ronde n’a donc pas remis en cause, ni
stigmatisé le code de la nationalité comme certains voudraient le faire croire.
Bien au contraire, sa conception a été saluée par les participants.
Tout au
plus, elle a relevé des difficultés d’application liées à l’ignorance des
textes par les populations, aux pratiques administratives faites de lourdeurs,
au zèle des forces de l’ordre ainsi qu’à la difficulté de la preuve de la
nationalité aggravée par la validité limitée du certificat de nationalité.
Contre le
souhait des représentants du RDR et de la rébellion qui réclamaient
l’attribution automatique de la nationalité ivoirienne à toutes les personnes
se trouvant sur le territoire ivoirien, à la date d’accession à l’indépendance,
y compris les étrangers sans considération de leurs pays d’origine, la Table
ronde a retenu la voie de la naturalisation « facilitée » pour les
anciens bénéficiaires des dispositions abrogées (article 17 à 23) et de
l’article 105.
Pour ce
faire, le gouvernement de réconciliation nationale devait accomplir une double
mission, à savoir :
-Relancer
les procédures de naturalisations existantes (c’est-à-dire en cours d’examen)
par une meilleure information des populations concernées ;
-proposer un
projet de loi de naturalisation, « visant à régler de façon simple et
accessible, des situations aujourd’hui bloquées et renvoyées au droit commun
(notamment la situation des anciens bénéficiaires des articles 17 à 23 de la
loi du 14 décembre 1961, abrogés par la loi du 21 décembre 1972 et la situation
des personnes résidant en Côte d’Ivoire avant le 7 août 1960, n’ayant pas
exercé leur droit d’option dans les délais prescrits) et compléter le texte
existant par l’intégration à l’article 12 nouveau, les hommes étrangers mariés
à des ivoiriennes ».
Si donc Ouattara veut régler le problème selon
marcoussis, voici ce à quoi, il doit s’en tenir. Toute autre considération
relève de la sorcellerie politique. Mais nous veillons au grain.
9/ Certaines personnes soutiennent
qu’il y a un lien entre la nationalité et le foncier. Pouvez-vous être
plus explicite (16-17) ?
En Cote d’ivoire, selon la loi sur le foncier,
pour être propriétaire foncier il faut être ivoirien. Il y a donc un lien
étroit, voire intime entre la qualité de propriétaire foncier et la citoyenneté
ivoirienne. C’est pourquoi, la réforme actuelle sur la nationalité suscite
beaucoup de débats et de passions, car ses conséquences sont directement liées
au foncier, à la souveraineté de ce pays. Les ivoiriens ont la nette impression,
que leur hospitalité légendaire devient la source de leur malheur. Le contexte
dans lequel ces naturalisations sont projetées incite à croire qu’on veut
déposséder les ivoiriens de leurs terres au profit de personnes qu’ils ont accueilli,
hébergé de gaité de cœur. Il faut que ce soit clair pour tout le monde nous
n’allons pas nous laisser faire car la terre est notre principale source de
richesse. Je rappelle à monsieur Ouattara, que Félix Houphouët Boigny dans toute
sa puissance, en 1963, dans un contexte de parti unique s’est vu opposé un
refus catégorique par les députés de sa propre formation politique et par le
peuple de Cote d’ivoire en général, quant il envisageait de faire passer sa loi
selon laquelle « la terre appartient à celui qui la met en valeur ».
Et Houphouët recula. Il ne s’agira pas d’instrumentaliser une assemblée nationale
à sa solde pour croire que le débat sera clos. L’entêtement de Dramane Ouattara
à vouloir à tout prix faire passer cette loi risque de créer des situations aux
conséquences incalculables.
10/ Le problème des étrangers est-il
si important en Côte d'Ivoire (18)?
Tout comme vous, je me pose aussi la question,
pourquoi la question des étrangers est-elle devenue si cruciale en Cote
d’ivoire ? Pourquoi est-on même allé jusqu’à faire la guerre dans ce pays
pour des étrangers ? Pourquoi depuis plus de 10 ans c’est la même
rhétorique des étrangers comme si les ivoiriens n’avaient pas d’autres
préoccupations ? Pourquoi la question des étrangers est-elle une priorité
pour monsieur Ouattara et ce depuis son intrusion dans la vie politique
ivoirienne ? Et monsieur Bédié avait-il raison lorsqu’il affirmait dans
« les chemins de ma vie » que « Dramane Ouattara n’est pas
ivoirien » ? Ceci explique t-il cela ?
Force est de reconnaitre qu’on en fait un peu
trop pour la cause des étrangers en Cote d’ivoire et cela commence à devenir
agaçant. Nous ne sommes pas xénophobes, nous n’avons jamais introduit de carte
de séjour dans notre pays pour discriminer les ivoiriens des étrangers avant
l’avènement de monsieur Dramane Ouattara. Nous avons toujours vécu en bonne
intelligence avec les étrangers que nous accueillons. Monsieur Dramane Ouattara
est venu rompre cette harmonie et aujourd’hui partout en Cote d’ivoire on
assiste à des accrochages fréquents entre les populations autochtones et
allogènes. Et le nord de la Cote d’ivoire dont Dramane Ouattara serait
originaire n’échappe pas à ces crises. Le pire est à venir si on n’y prend
garde. Le peuple ivoirien dans toute sa composante ethnique, religieuse et
culturelle est un peuple calme,
pacifique, accueillant et jovial mais ne le poussez pas à bout.
Un pays ne peut vivre à vase clos. Il a besoin aussi bien de ses nationaux
que des étrangers pour sa survie, pour son développement. Et la Cote
d’ivoire ne doit pas faire exception à
cette donne. Le national et l’étranger bénéficient de la protection de l’état
au même niveau mais une différence subsiste au niveau de certains droits et
devoirs. S’il est loisible pour un national de désigner les dirigeants
politiques de son pays, l’étranger n’a pas ce droit car lui-même soumis à celui
de choisir les dirigeants politiques de son état d’origine. En Cote d’ivoire,
et il n’est pas superflue de le rappeler, nous avons plus de 30% de
non-nationaux sur notre sol. Taux inégalé dans le monde. Les étrangers qui veulent obtenir la
nationalité ivoirienne sont soumis à une procédure qu’ils se doivent de
respecter. Le président Laurent Gbagbo a eu à accorder la nationalité
ivoirienne à ceux qui en ont fait la demande et cela à un nombre inégalé depuis
l’accession de notre nation à l’indépendance. Il faut noter que cette naturalisation
s’est faite en accord et en harmonie avec nos lois. Ce qui est différent de ce
à quoi nous assistons actuellement car Mr Dramane Ouattara a décidé et le mot
n’est pas faible de nationaliser les étrangers dans notre pays envers et contre
tout bon sens.IL faut qu’on le sache, le fait d’accepter l’étranger ne signifie
pas une renonciation de soi.
12/
Que pensez vous de la visite de Soro à Gagnoa ?
Dans un État normal, cette visite est un fait banal et rentre dans l’ordre
normal des choses. Mais nous sommes en présence d’une situation difficile et
complexe en Cote d’ivoire. Le président Laurent GBAGBO est victime d’une
conspiration internationale et est interné à la Haye par la volonté de monsieur
Ouattara, de monsieur Soro Guillaume et de leurs soutiens extérieurs. Récemment
,le régime Ouattara dont se réclame Soro n’a ménagé aucun effort pour donner
des preuves supplémentaires à madame Bensouda, Procureure à la Cour Pénale
Internationale ,dans le seul but de maintenir le Président GBAGBO à la Haye (des
corps ont même été exhumés dans ce sens).D’où vient donc son intérêt subite à
la région de GBAGBO et à sa famille ?Que cache cette visite ?Soro et
ses conseillers ignorent-ils que la mère de GBAGBO est depuis Avril 2011 en
exil au Ghana ?savent-ils comment elle vit ?comment est-elle soignée
lorsqu’elle est malade ?monsieur Soro sait-il que le gouvernement de
monsieur Ouattara a retiré en novembre 2012 le passeport ivoirien aux filles du
président GBAGBO ?La manipulation qui soutend cette visite ne passera pas
et ne surprend pas. En vérité, ils ont tous mauvaise conscience devant le tort
causé à un monsieur innocent, digne et intègre, à sa famille et à ses
collaborateurs politiques. Ils chantent Réconciliation mais en réalité rament à
contre courant de la Réconciliation. Quand Soro dit que GBAGBO lui doit la vie,
je suis surpris et écœuré car, étant dans la résidence présidentielle pendant
les bombardements de l’armée française sur demande de Ouattara et Soro ; je dis haut et fort que si le
Président GBAGBO, sa famille et ses collaborateurs ont pu sortir vivants de là,
Gloire doit être rendue à DIEU. Et cela relève du miracle. On ne tire pas à
l’arme lourde sur quelqu’un dont on veut préserver la vie. En quoi le Président
GBAGBO lui doit-il la vie ? Que recherche-t-il par ces mensonges et
gymnastiques dont son clan et lui ont seuls le secret ? Pour lui
rafraichir la mémoire, c’est bien lui qui doit la vie au Président GBAGBO. A-t-il
oublié le bombardement de son avion à Bouaké ? Qui l’a tiré de là ? A-t-il
oublié celui qui l’a fait premier ministre pour lui donner la protection de l’État
dans l’optique de gagner la paix ?Alors qu’on savait que la tendance
Ouattara au sein des forces nouvelles lui en voulait terriblement pour avoir accepté d’aller à la
table de négociation avec le Président GBAGBO .Ahmed bakayoko,bras
séculier de Ouattara ne l’avait-il pas à l’époque comparé à un de
Traitre ?C’est encore le Président GBAGBO qui a demandé aux FDS de
l’accepter et de lui pardonner certains actes, alors que plusieurs d’entre eux
étaient déterminés à en découdre avec lui pour venger leurs frères d’armes lâchement
exécutés par les rebelles du mpci dont les colonels Dagrou Loula ,Dali Oblé et
la soixantaine de gendarmes froidement exterminés alors qu’ils n’étaient pas en
état de belligérance. Pour terminer, je lui dirai qu’on ne ruse pas avec la
vérité, on ne ruse pas avec la justice, on ne ruse pas avec la démocratie.
Qu’ils arrêtent tous de narguer les parents du Président GBAGBO et par delà
eux, le peuple de Cote d’ivoire qui souffre le martyr. En tout état de cause, le
tribunal de l’histoire nous attend tous.
13/
Ne pensez vous pas que Soro cherche à faire bonne impression face à la
concurrence qui l’oppose à Hamed Bakayoko pour la succession de Ouattara ?
Cette concurrence ne nous intéresse pas car c’est une affaire interne. Il
n’est pas interdit à des individus d’avoir des ambitions. Ils sont libres de
polir leur image qui passe difficilement au sein de la population ivoirienne ; SORO étant comptable de tous les crimes, mutilations
et tortures qu’ont connu le peuple ivoirien depuis Septembre 2002 à maintenant
(car les tueries continuent de faire rage encore actuellement).Ils portent tous
les deux un lourd fardeau qui est l’héritage criminel et mortuaire de Dramane Ouattara.
Une chose est certaine, c’est seul le peuple souverain qui décidera s’il veut
confier son sort à des personnes dont les mains sont tachées de sang innocent
et qui ont choisi la violence comme mode d’accession et d’exercice du pouvoir
d’État. Le Président Laurent GBAGBO nous a enseigné la transition pacifique à
la démocratie, nous sommes solidement attachés à cette vision, à cette option.
C’est justement parce qu’ils veulent perdurer la désagrégation de la société
ivoirienne que l’un et l’autre torpillent la réconciliation vraie et optent
pour une réconciliation de façade. Ils ne connaissent que le langage de la force,
leur seule issue politique. Mettez-les au défi d’une élection libre, juste et transparente, qu’ils vont déchanter.
Ils n’en ont cure des souffrances du
peuple, ce qui les intéresse, c’est uniquement leurs ambitions personnelles.
14/
Que pensez vous de la fronde contre le président Bédié au PDCI ?
Encore une fois c’est une affaire interne qui regarde le PDCI et ses
militants. C’est aux militants et responsables de ce parti d’ivoiriens de
décider s’ils veulent respecter les règles qu’ils se sont eux-mêmes imposées. Ce
que je retiens, c’est que le PDCI est le plus ancien des partis politiques en
Cote d’ivoire et dans ce cadre, il se doit de donner une image qui reflète la
sagesse, la compréhension, la tolérance. On parle de violence à l’horizon au
sein de cette formation politique par rapport aux assises de leur congrès ;
le conseil que nous pouvons modestement donner à nos parents, frères et amis du
PDCI, c’est de s’éloigner de cette voie et d’avoir recours si possible au
compromis ou à la justice pour trancher le litige qui à la base est une
question de respect ou non des textes. La partie qui se sent lésée peut ester
en justice pour faire prévaloir ses droits. La Cote d’ivoire a connu trop de
violence ces derniers temps, qu’il faut en faire l’économie même si c’est au
sein d’un parti politique, voire d’une certaine catégorie de la population ivoirienne.
Ce que dit le frère KKB est-il faux ? n’est-il pas modestement entrain de
réveiller le PDCI qui est devenu un parti quelconque depuis son allégeance au RDR
(parti foncièrement violent, qui est à la base de tous les malheurs du paisible
peuple de Cote d’ivoire) ? . Le congrès qui par excellence est un cadre
d’échanges en vue de définir la nouvelle ligne directrice d’un parti politique
ambitieux comme se définit le PDCI, devrait
permettre à cette formation d’analyser toutes les positions avec
beaucoup lucidité pour en tirer meilleur profit. Je crois personnellement qu’un
FPI fort et un PDCI fort peuvent redonner confiance et sourire au peuple
ivoirien qui souffre tant depuis l’avènement de monsieur Dramane Ouattara et du
RDR au sommet de l’État.
15/ Certains au PDCI pensent que l’honorable KKB est entrain de trahir Bédié.
Qu’en pensez-vous ?
Sans me mêler au débat interne au PDCI, je voudrais simplement dire que
cette accusation peut paraitre un peu
grossière pour qui connait KKB.
Personnellement, on s’est connu à l’université dans l’adversité appartenant
à des syndicats différents ; la FESCI pour moi et la CERAC pour KKB.
Il s’est toujours présenté comme un fervent défenseur du président Bédié
pour qui, il a pris d’énormes risques. Je vais vous donnez trois exemples
précis :
En 1997, au plus fort de la crise estudiantine, où les positions du
gouvernement et des étudiants s’étaient cristallisées, au point où le dialogue
était impossible, KKB a pris sur lui la responsabilité de venir voir la FESCI,
en vue d’une rencontre avec le président Bédié. Dans le contexte que nous
traversions, venir rencontrer la FESCI pour un militant du PDCI relevait d’un
courage exceptionnel. KKB l’a fait et il a réussi à organiser une rencontre
sécrète à Daoukro entre le président Bédié et la FESCI, représentée par Soro
Guillaume et moi. Cela a participé à décrisper l’atmosphère. KKB a pris ce
risque pour Bédié.
En 2000, après le coup d’état de 1999, alors que de nombreux cadres et non
des moindres manœuvraient pour offrir la machine du PDCI au général Guei Robert,
une voix discordante s’est fait entendre. Cette voix était celle de KKB. Et
elle disait en substance, selon une tournure dont il a lui seul le
secret « Je ne peux pas donner ma mère en mariage à l’assassin de mon
père… ». Pour lui, il était inadmissible qu’après avoir bouté Bédié hors du pouvoir, Guei veille
se servir de son parti pour se faire élire président de la république. Ce
serait « tuer » deux fois Bédié.
Face à une junte militaire au pouvoir qui faisait feux de tout bois à
l’époque, il fallait être un fidèle parmi les fidèles de Bédié pour adopter une
telle position.
Toujours en 2000, pendant la campagne de la présidentielle, quant en tant
que secrétaire national de la Jfpi, j’ai approché KKB, dans l’optique de nouer
une alliance avec la Jpdci autour du candidat Laurent GBAGBO, il m’a opposé un
refus poli prétextant que cela lui causait un problème moral de participer à
des élections dont le PDCI était exclu et surtout que Bédié était contraint à
l’exil. J’ai dû me tourner vers d’autres jeunes du PDCI, conduits par le député
Abonouan Louis dit Empirus qui lui a accepté de participer à ces élections à
nos cotés.
Au regard de ces trois faits, c’est difficile de coller l’étiquette de
traite à KKB. Il serait judicieux de chercher à le comprendre, car quand il
défend une cause il s’y met sincèrement et à fond.
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