Le problème du HCR au Togo est le prolongement de la politique d’Abidjan à vouloir faire rentrer les réfugiés ivoiriens du Togo et du Ghana vaille que vaille
[PHOTO Madame Elisabeth GOGOUA Présidente des femmes du Camp des Réfugiés Ivoiriens au Togo sauvagement battu par les soldats Togolais]
Le Forum a le regret d’informer
ses membres et les panafricains partout dans le monde des violations
flagrantes des droits de l’homme et exactions sur les réfugiés Ivoiriens dans
le camp d’Avépozo (Togo) dans la nuit du 2 au 3 mai 2013 de 5 heures à 6
heures du matin.
En effet, la radio de la résistance, la VRA avait invité des réfugiés sur leur plateau afin de discuter des conditions de vie des réfugiés dans le seul camp que compte le Togo. Le HCR avait unilatéralement mis fin à l’approvisionnement en nourriture de base aux réfugiés, les laissant dans des conditions inhumaines. Des actions ont été menées sur le terrain afin de rétablir le service mais sans succès. La VRA avait alors invité les représentants des réfugiés dont Mme Elisabeth Gogoua, Matthieu N’Guetta et le camarade Claudius Kouadio afin de faire la lumière sur la situation et également de faire connaitre les tristes réalités des réfugiés afin qu’on leur vienne en aide.
Mme Elisabeth Gogoua s’est
adressée aux ivoiriens, au personnel du HCR et aux autorités Togolaises afin
qu’ils se penchent sur leurs conditions. A la fin de l’interview, soit le 2
mai 2013, cette dame a été sauvagement battue par les forces de l’ordre
Togolaises, occasionnant une hospitalisation. Les autorités togolaises ne
sont pas arrêtées en si bon chemin. Elles ont donné l’autorisation aux
soldats d’incendier le seul camp des réfugiés afin de les forcer à quitter
les lieux mais pire le pays. Depuis le 3 mai 2013, ces réfugiés ivoiriens
dorment à la belle étoile toujours dans des conditions calamiteuses et
dégradantes.
C’est le lieu de le dire ici, que nous sommes indignés par cette énième attitude des autorités togolaises. Le droit d’asile est un droit reconnu par les Nations Unies et par les pays membres de cette organisation Universelle. Aussi, ce droit est reconnu par la CEDEAO, organisation régionale à laquelle appartiennent le Togo et les réfugiés ivoiriens. Par conséquent, le pays hôte ou le pays d’accueil, leur doit sécurité, assistance, protection et une prise en compte. Le problème du HCR n’est pas un cas isolé. Ce ne sont pas les moyens qui manquent à cette organisation. C’est plutôt le prolongement de la politique étrangère des autorités d’Abidjan à vouloir faire rentrer les réfugiés ivoiriens du Togo et du Ghana vaille que vaille. L’astuce trouvée est de saboter l’approvisionnement en nourriture de ces différents camps. Ceci forcerait les réfugiés affamés et délaissés à leur triste sort à prendre la direction d’Abidjan.
Le Chef d’état M. Ouattara est, il
faut le rappeler, le Président de la CEDEAO et un élément essentiel de la
communauté internationale. Il a pesé de tout son poids afin d’obtenir souvent
par la violence, l’intimidation et autres, le retour des exilés. Les états
membres de la CEDEAO tels le Ghana et le Togo se plient souvent aux exigences
du Chef d’état ivoirien. Nous déplorons cette façon de faire la politique
afin de faire rentrer les exilés.
C’est justement à cause de leur
appartenance politique ou leur groupe ethnique ou même religieux que des
ivoiriens ont pris la direction de l’exil. Il revient aux autorités
ivoiriennes de les rassurer, de mettre en application l’article 12 de la
constitution de juillet 2000 et faire voter des lois d’amnistie afin de
faciliter le retour des exilés. Que l’état ivoirien ignore ces propositions
mais procède par intimidation, violence, extraditions extra judiciaires pour
faire rentrer les exilés, est à notre sens une très mauvaise approche et
démontre aussi le caractère pernicieux et malicieux des tenants du pouvoir.
Si les exilés ne souhaitent pas
rentrer au bercail, ils ont de bonnes raisons et nous au FDRC soutenons ces
raisons-là. Les conditions ne sont toujours pas réunies et un retour à
Abidjan, les exposerait à des exactions, arrestations, torture et même
assassinats. Les autorités n’ont jusque-là rien fait en termes d’actions
concrètes pour sécuriser un retour apaisé. La CDVR n’a pas non plus fait
mieux. Elle est dans un mutisme criard comme si les exilés étaient des
ennemies de l’état. La CDVR catégorise les ivoiriens en pro-ceci ou pro-cela.
Ce qui à notre sens ne facilite pas un bon retour des exilés et une
réconciliation apaisée. L’état de Côte D’Ivoire et la CDVR de M. Banny ont
tous échoué et failli à leur mission de créer l’unité nationale. Ils sont
tous dans une logique revancharde. Pour eux, les exilés doivent payer pour le
crime d’avoir soutenu le Président Gbagbo lors des élections de novembre
2010. Ils n’ont commis aucun crime ou délit reconnu par la loi. Seulement
leur appartenance politique ou leur groupe ethnique est transformé pour la
circonstance en crime de lèse-majesté.
Que dire de la CEDEAO ?
Pourquoi ne pose-t-elle pas des actions afin de sécuriser et protéger les
exilés selon ses textes ? Pourquoi aucune réunion extraordinaire
n’a-t-elle été jamais tenue sur les conditions inhumaines des membres
ou administrés de cette organisation ? Que disent les textes ?
L’Article 4(g) des Principes
fondamentaux de la CEDEAO : « Respect, promotion et protection des
droits de l’Homme et des peuples conformément aux dispositions de la Charte
Africaine des Droits de l’Homme et des peuples ».
L’Article 4(k) : «
Répartition juste et équitable des coûts et des avantages de la coopération
de l’intégration économiques ». En d’autres termes, une prise en compte
financière des réfugiés par les autorités ivoiriennes, ghanéennes et
togolaises. Le problème du HCR est résolu par la simple application de cet
article. Les pays hôtes doivent soutenir financièrement les réfugiés dans les
camps en les approvisionnant en nourriture, tentes, soins médicaux etc.
L’attitude des autorités
togolaises avec à sa tête le Président Faure Gnassingbé est une violation
flagrante des textes de la CEDEAO dans les relations de bon voisinage en son
article 4(e) : « maintien de la paix, de la sécurité et de la
stabilité régionales par la promotion et renforcement des relations de bon
voisinage ». En d’autres termes, le Togo se doit de respecter les
exilés et non les considérer comme des apatrides mais des administrés de la
CEDEAO. Ces exilés jouissent des mêmes droits que les citoyens togolais et
ghanéens. En les violentant ou en incendiant leur camp, les autorités
togolaises violent de façon flagrante les relations de bon voisinage.
Le problème des exilés ou réfugiés
ivoiriens, est un problème politique et non social ou encore culturel. Les
solutions à ce problème doivent être aussi politiques. Cela exige que les
états membres de la CEDEAO prennent leurs responsabilités afin de mettre en
pratique leurs textes et venir en aide aux exilés. Ce problème est pour
l’instant un problème ivoirien mais il peut demain devenir un problème
ghanéen ou togolais ou malien avec le déplacement massif des populations à la
recherche de sanctuaires. Les Présidents de la CEDEAO doivent être courageux
et prendre des décisions draconiennes ou idoines afin de soit protéger,
nourrir et loger les exilés ou faciliter leur retour avec des garanties
telles la fin des poursuites judiciaires, la fin des exactions, des
arrestations, brimades, torture etc. La CEDEAO a failli à sa mission de
protéger ses administrés en situation dégradante et inhumaine par la faute de
son président, M. Ouattara. C’est véritablement une honte et nous sommes
vraiment peinés par cette attitude. A cette allure, l’Afrique ne connaitra
jamais un développement où le respect des droits de l’homme est de mise.
Le Forum pour la Démocratie et la
Résolution des Crises (FDRC) :
Fait à Londres le 4 Mai 2013.
Nick De Bessou
Juriste
Président du Forum pour la
Démocratie et la Résolution des Crises (FDRC).
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source : Nick De Bessou
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