Les 60 fusillés, égorgés ou brûlés vifs oubliés d’Adébem (Sassandra). Crimes des Frci et dozos de Ouattara.

Les 60 fusillés, égorgés ou brûlés vifs oubliés d’Adébem (Sassandra). Crimes des Frci et dozos de Ouattara. Répertoire 2
Sans nul doute, les crimes immondes commis dans le village d’Adébem par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et les dozos d’Alassane Dramane Ouattara figurent au nombre des massacres de masse qui marqueront à jamais l’histoire de la Côte d’Ivoire. Adébem est un gros village de la sous-préfecture de Sago, dans le département de Sassandra. Aujourd’hui, les langues se délient dans la région et racontent l’horreur vécue par les autochtones Godiés.
Par surprise, le 6 mai 2011, des dizaines de soldats des Frci et de dozos envahissent Adébem et occupent toutes les voies qui y mènent. Leurs proies humaines ainsi prises au piège, ces hommes sans foi ni loi y commettent méthodiquement, pendant plus d’une semaine, des crimes qui heurtent la conscience humaine. Plus de soixante (60) personnes appartenant toutes à l’ethnie des autochtones Godiés sont froidement fusillées, égorgées, brûlées vives ou enlevées et tuées avec un cynisme et une cruauté sans nom. Tous les quartiers des Godiés sont pillés et incendiés. Par contre, aucun dommage n’est causé au quartier des allogènes et des étrangers. Ci-après une liste non exhaustive des morts oubliés d’Adébem.

1. Dago Laga Rose (une jeune fille enceinte brûlée vive dans sa maison)

2. Kpassou Benahi Germaine (une femme brûlée vive dans sa maison)

3. Klagou Zie Marie (une veille femme assassinée)

4. Dally Teti Abel (un vieillard malade brûlé vif dans sa maison)

5. Digbeu Gnaba Jean-Baptiste (un vieillard fusillé et égorgé)

6. Zelly Zilihore Joseph (un vieillard fusillé et égorgé)

7. Digbeu Affi Alexis (un vieillard fusillé et égorgé)

8. Kpaouli Okou Dalè (fusillé et égorgé)

9. Teti Lakpa jean (fusillé)

10. Teti Blawa (fusillé)

11. Dago Gerard (fusillé)

12. Ménéda Koukougnon (fusillé)

13. Dakouri Doukouri Jacob (fusillé)

14. Ménéda Allopo (fusillé)

15. Dago Zakue Nestor (fusillé)

16. Dago Franck Ezekiell (fusillé)

17. Dago Awalo Prosper (fusillé)

18. Bolé Zoukou Louis (fusillé)

19. Bolé Dalli Franck (fusillé)

20. Tabeu Lakpa Ignace (fusillé)

21. Bayoro Dakouri Hermann (fusillé)

22. Bayoro Dago Robert (un vieux fusillé)

23. Zoh Auguste (fusillé)

24. Zoh Ako Marcelin (fusillé)

25. Dago Beugré Barthélémy (fusillé et égorgé)

26 Ako Gbalé Pascal (fusillé)

27. Gbalé Babo Daniel (fusillé)

28. Gbalé Taffia Patrice (fusillé)

29. Dobré Dapleu Pierre (fusillé)

30. Lakpa Zahi Bernard (fusillé)

31. Beugré Zazou Theodore (fusillé)

32. Dago Babo Jérémie (fusillé)

33. Dago zélly Serge (fusillé)

34. Aboussou Michel (fusillé)

35. Gbalé zahi (fusillé)

36. Koudou Jadjer (fusillé)

37. Dadja Aziz (fusillé)

38. Lakpa Beugré Patrice (fusillé)

39. Dago N’guessan Jeanne (fusillée)

40. Dago Bégro Isaac (fusillé)

41. Kpakléhonnon épouse Bayoro (morte des suites de ses blessures)

42. Kadji Didier (enlevé et tué)

43. Dakouri Dago David (enlevé et tué)

44. Gnayaro Dago Fabrice (enlevé et tué)

45. Akabla Beugré Elie (enlevé et tué)

46. Akabla Séri Michel (enlevé et tué)

47. Kata Charles (enlevé et tué)

48. Goze Agoli (enlevé et tué)

49. Dago Beugré Michel (enlevé et tué)

50. Ako Zélly Claude (enlevé et tué)

51. Gbalé Jean-Paul (enlevé et tué)

52. Beugré Téti Martial (enlevé et tué)

53. Gnakouri Dago Marcelin (enlevé et tué)

54. Bayoro Gnagbo Didier (enlevé et tué)

55. Zahi Dapleu Maxime (enlevé et tué)

56. Zagré Zahi (enlevé et tué)

57. Koukoua Babi Elie (enlevé et tué)

58. Kadji Gaël (enlevé et tué)

59. Gnakoury Bosset (mort des suites des ses blessures)

60. Kadji Patrice (enlevé et tué)

La liste macabre qui précède figure dans la parution du 17 juin 2011 du quotidien ivoirien Notre voie. Elle ne comprend donc pas les noms de tous les Godiés blessés ou décédés plus tard des suites des blessures que les Frci et les dozos leur ont causées. La liste des personnes égorgées, même après avoir été fusillées, n’est pas exhaustive non plus.

Depuis que ce massacre a été commis par les Frci et les dozos d’Alassane Dramane Ouattara, ses différents gouvernements dirigés successivement par les Premiers ministres Soro Kigbafori Guillaume, Ahoussou Kouadio Jeannot et Kablan Duncan rivalisent de supercheries pour étouffer les tueries d’Adébem ou pour les couvrir du vernis qui travestit de la réalité. Ils ont, par exemple, tenté d’imposer à l’opinion le prétexte éculé et passe-partout de la détention d’armes de guerre par les Godiés.

Ce prétexte est presqu’instantanément mort de sa belle mort, parce que les thuriféraires et autres propagandistes du régime n’ont jamais pu expliquer comment des gens qui détiennent des armes de guerre n’en ont pas fait usage au moment où ils étaient attaqués par les hordes sauvages de la soldatesque et des dozos. Aujourd’hui, en effet, il est clairement établi qu’aucun Godié n’a pu tirer le moindre coup de feu. Pas même sur un allogène (Baoulé, Sénoufo, Dioula, Lobo, etc.) ou un étranger (Burkinabé, Malien, Guinéen, etc.). Et pourtant, il ne fait plus aucun doute que beaucoup d’allogènes et d’étrangers bénéficiaires de l’hospitalité des Godiés ont pris part au massacre de leurs généreux bienfaiteurs. Les dozos étaient dirigés par un chef burkinabé du nom de Ouattara Bamory. L’homme est bien connu à Adébem et dans la région.

Les mensonges grossiers abondamment propagés pour maquiller les crimes commis à Adébem n’ont donc pas connu la fortune qu’espéraient Alassane Dramane Ouattara et ses caisses de résonance de la Radio télévision ivoirienne (Rti) et de la presse aux ordres. Ils n’ont pu empêcher la vérité d’éclater au grand jour.

Dès le mardi 10 et le mercredi 11 mai 2011, Radio France Internationale (RFI) livre dans ses journaux Afrique des informations sur les crimes commis en représailles par les Frci et leurs supplétifs à Adébem et dans d’autres villages, à la suite de combats dans le département de Sassandra.

Quelques jours plus tard le quotidien ivoirien L’Inter lance un Sos en faveur des populations civiles qui subissent la barbarie des Frci et des dozos de Ouattara. Le journal souligne qu’à Adébem, la cruauté des représailles a atteint son paroxysme, alors que ce village est situé loin du théâtre des combats.

Le mercredi 25 mai 2011, les quotidiens français le Monde et Le Figaro dépêchent des journalistes à Adébem. Ils mesurent le désastre au contact de la réalité objective, loin des fantasmes des propagandistes de Ouattara.

Le 17 juin 2011, Notre voie publie un long texte qui porte le coup de grâce au mensonge du gouvernement de Ouattara qui, pour tenter de justifier a posteriori les tueries injustifiables d’Adébem, prétend que des « mercenaires libériens et des miliciens » sont passés par Adébem. L’article précise que les combattants dont parle le gouvernement « ne sont même pas passés par Adébem pour la simple raison que par rapport à leur itinéraire, Adébem est situé du côté de Lakota, précisément à 45 km de Lakota et à 90 km de Sassandra. Aucun milicien, ni Libérien en fuite vers Sassandra n’a donc traversé Adébem. » (Notre voie, 17 juin 2011). Un examen de la carte de la Côte d’Ivoire permet d’établir la véracité de ces propos. Adébem est facilement identifiable sur l’axe routier Lakota-Sassandra (Lakota-Néko-Niambézaria-Adébem-Sago-Sassandra). Le village est situé aux confins du département de Sassandra, presqu’à la limite avec celui de Lakota.

Mais c’est Le Jour plus, un autre quotidien ivoirien, farouche partisan d’Alassane Dramane Ouattara, qui anéantit la propagande mensongère fabriquée sur Adébem dans les officines de son régime. Dans un reportage issu d’enquêtes sur les événements de la guerre postélectorale dans le département de Sassandra, Vincent Boty, l’envoyé spécial du journal consacre un encadré à Adébem. Dans cet article intitulé Le cas d’Adébem, le journaliste écrit : « Adébem est un village godié situé à une vingtaine de kilomètres de Godjiboué, village par lequel les mercenaires libériens ont mis les pieds dans la sous-préfecture de Sago. Dans leur trajectoire, ne figure pas du tout Adébem qui est loin derrière eux, dans le sens de Lakota. Selon des témoignages concordants, pour battre en retraite et échapper à la défaite qui s’annonçait à Godjiboué, plusieurs éléments des Frci se sont déportés sur le village d’Adébem. (…) Dans ce village donc, une forte concentration d’éléments Frci bouclent les lieux. Nerveux, les éléments Frci prennent pour cibles les populations autochtones qu’elles (sic) accusent de connivence avec les mercenaires. « Qui leur a dit qu’il y a la route par ici ? », « Il paraît que vous avez des armes et que vous voulez prêter main forte aux Libériens », menaçaient durement les Frci à l’encontre des populations. Dans la peur panique, certains habitants décident de regagner la brousse. Les moins chanceux subissent les pires sévices. Le village est mis à feu et à sang. La désolation est ambiante. Dans ce village, l’on dénombre soixante morts. De nombreuses personnes sont portées disparues jusqu’à ce jour. Dans l’imagerie populaire, les crimes sont imputables aux Frci. Surtout que les mercenaires libériens n’y ont jamais mis les pieds. » (Le Jour plus, lundi 2 avril 2012, page 6).
Même Le Jour plus, journal pro-Ouattara s’il en est, a trouvé des mots justes qui mettent en exergue l’innocence des Godiés aux mains nues qui ont été sauvagement massacrés par les Fci et les dozos du régime imposé au peuple ivoirien par les bombes françaises et onusiennes.
Dans son rapport intitulé « Nous voulons rentrer chez nous, mais nous ne pouvons pas ». Insécurité et personnes déplacées en Côte d’Ivoire : une crise persistante » publié le 28 juillet 2011, Amnesty International consacre plusieurs pages édifiantes aux massacres commis à Adébem et dans le département de Sassandra.
Concernant particulièrement la sous-préfecture de Sago dans ledit département, Amnesty International cite le témoignage d’un chef de village qui affirme : « Depuis le 06 mai, les Frci et les populations allogènes se livrent à des exactions innombrables contre nous. Il y a des morts partout et comme les gens ont fui en brousse, il n’y a personne pour enterrer les cadavres qui sont exposés sur la route. »
Amnesty International rapporte également les propos révélateurs d’« un dirigeant de la communauté du village d’Adébem » qui déclare : « Nous ne savons pas pourquoi cela a eu lieu. Nous ne savons même pas vraiment tout ce qui s’est passé. Nous savons juste que c’était horrible. Bien sûr, chacun sait ce qui lui est personnellement arrivé… Il faut qu’une enquête soit faite, afin que nous sachions ce qui s’est réellement passé et pourquoi cela s’est passé. Sinon, je pense que nous verrons encore les signes de cette haine que tant de gens ressentent et nous continuerons à avoir peur que cela puisse recommencer à tout moment. »
Depuis les journées sanglantes de mai 2011, les Godiés rescapés du carnage perpétré par les Frci et les dozos à Adébem sont livrés à eux-mêmes, en dépit des promesses répétitives de Ouattara sur l’indemnisation des victimes la guerre livrée au peuple ivoirien par ses maîtres impérialistes pour l’installer au pouvoir.
Le 11 mai 2011, Soro Bakari Benjamen, le préfet de Sassandra, et son acolyte Koné Diraté, le sous-préfet de Sago, se sont rendus à Adébem, sous la protection d’un contingent de militaires et de dozos. Soro Bakari ne s’est pas privé de tancer vertement les rescapés Godiés qu’il a accusé de tous les maux de la terre, sans le moindre mot de reproche à l’endroit des bourreaux. Quasiment sous forme d’aumône, il a remis cent mille (100.000) francs Cfa par mort aux parents des victimes. Ainsi, dans les calculs savants et infaillibles du « super économiste » Alassane Dramane Ouattara qui a fait ses classes au Fonds monétaire international (Fmi), un Godié tué ne vaut pas plus. Comme pour le récompenser, Soro Bakari a été promu directeur du cabinet de Philippe Légré, le ci-devant ministre des Sports et Loisirs, dans les gouvernements de Soro Guillaume et d’Ahoussou Kouadio.
Aujourd’hui, à Adébem, les Godiés tentent de se refaire une vie, de renaître des cendres en puisant dans leurs propres forces. Une aide est venue du Comité international de la croix rouge (Cicr) qui a distribué des tôles, des portes, etc. Les fosses communes où les corps des victimes ont été jetés à la sauvette sont éparpillées sur le site des quartiers des Godiés et dans les environs du village. Les rescapés survivent en côtoyant ces charniers qui contiennent leurs morts avec tous les risques que cette situation comporte. Il leur est interdit d’y toucher. Le chef du village et les dizaines de Godiés qui ont dû quitter le village sous la menace des armes vivent encore en exil dans leur propre pays.
Les Frci assiègent toujours Adébem, avec l’appui des dozos, leurs supplétifs officiels. Le tueur Ouattara Bamory, le chef burkinabé des dozos, continue de vivre en toute impunité sur les terres d’Adébem en expropriant les paysans godiés avec la complicité de l’administration. Il est bien connu de l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) qui lui a même rendu visite dans son campement. Des individus notoirement identifiés comme des assassins des Godiés vivent impunément à Adébem, sous la protection des Frci d’Alassane Dramane Ouattara. Ces criminels de grands chemin n’ont rien à craindre, ni de la justice sélective de Ouattara ni des enquêteurs de la Cour pénale internationale (Cpi).
Entre autres crimes commis pendant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, l’Histoire a retenu le massacre de tous les habitants d’Oradour-sur-Glane par les SS, le 10 juin 1944. Mais Oradour-sur-Glane a été libéré des griffes de ses bourreaux. Adébem comme Oradour-sur-Glane. L’histoire des soixante (60) fusillés, égorgés ou brûlés vifs d’Adébem n’a pas encore livré tous ses secrets. Adébem et toute la Côte d’Ivoire connaîtront aussi la libération. Sans nul doute.

Par Deuxer Céi Angela. L’œil du juste

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