Conférence de presse du FPI du Jeudi 27/06/2013
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Je
voudrais, avant tout propos et au nom du Front Populaire Ivoirien, vous
remercier d’avoir répondu nombreux à notre invitation. C’est une marque
de considération pour laquelle je vous salue tous, autant que vous
êtes, et vous assure de notre infinie gratitude.
Mesdames et Messieurs,
Cette
rencontre s’inscrit dans une série d’événements que nous organisons,
chaque fois que nous jugeons utile d’éclairer l’opinion nationale et
internationale sur la vie politique en Côte d’Ivoire. Il s’agit
aujourd’hui d’annoncer et de clarifier la position du Front Populaire
Ivoirien sur la reprise du dialogue entre le gouvernement et le parti.
RAPPEL :
Le
coup d’Etat du 11 avril 2011, perpétré par la communauté dite
internationale, avec les forces françaises et onusiennes, en appuis aux
rebelles ivoiriens, contre le régime du président Laurent Gbagbo, s’est
imposé à nous ; avec tout le désordre, la violence, puis les viols et
autres exactions qui s’en sont suivis, nous avons opté, malgré tout,
pour le retour de la paix, de la cohésion et de l’harmonie sociale.
C’est pourquoi, dans la logique de notre vision de la vie politique, qui
repose sur la formule « asseyons-nous et discutons », nous avons
sollicité, dès le mois de Juillet 2011, l’ouverture d’un dialogue
républicain avec les nouvelles autorités du pays. Il s’agissait, pour le
Front Populaire Ivoirien, d’ouvrir la voie à la normalisation rapide de
la situation sociopolitique du pays, gravement dégradée par la crise
dite postélectorale. Notre action n’était nullement la preuve d’une
quelconque faiblesse ! Nous affirmions plutôt notre attachement à la
discussion, au dialogue et à la démocratie, moyens légaux et paisibles
de gestion de la vie politique dans une République.
Le Président
Ouattara nous a accordé une audience le 29 septembre2011 sans aucun
résultat. Alors que nous attendions qu’une suite soit donnée à notre
démarche, sans compter nos relances, la situation du pays empirait, avec
les exactions de toutes sortes sur d’honnêtes citoyens ; notamment les
arrestations arbitraires, les enlèvements et tortures inhumaines, les
expropriations et les assassinats ; en somme, toutes sortes d’atrocités à
travers tout le pays. En décembre 2012, on dénombrait déjà 302
prisonniers politiques, civils et militaires, en plus des milliers de
personnes portées disparues et celles contraintes à l’exil.
Finalement
c’est le 17 janvier 2013, soit 15 mois après la demande du Front
Populaire Ivoirien, que le gouvernement de M. Ouattara a consenti à
ouvrir le dialogue direct tant souhaité par le FPI. Toute cette
tergiversation à accepter de dialoguer s’explique simplement par le fait
que le régime n’a pas du tout l’intention de discuter avec qui que ce
soit, encore moins avec le Front Populaire Ivoirien. Et la gestion de ce
dialogue, accepté au forceps, a montré la mauvaise foi du régime.
UN DIALOGUE SANS IMPACT
Contrairement
à ce qu’avait espéré le Front Populaire Ivoirien, le dialogue n’a eu
aucun impact sur la gestion du pays. De fait, pendant qu’il s’ouvrait,
sous la houlette du Premier Ministre, le régime poursuivait sa gestion
dictatoriale basée sur la terreur. Jusqu’aujourd’hui, aucune demande ou
proposition du Front Populaire Ivoirien n’a, fait l’objet d’aucune
attention véritable. Pire, les arrestations et autres atrocités se
poursuivent :
- C’est le 17 Janvier 2013 à l’ouverture
des assises de ce dialogue, que le régime a fait arrêter puis extrader
du Ghana où il vivait en exil, M. Charles Blé GOUDE, ancien ministre et
président du Congrès Panafricain pour la Justice et l’Egalité des
Peuples (COJEP). M. Blé GOUDE est, à ce jour, détenu au secret.
-
Les 3 et 4 février 2013, au moment où s’ouvre la séance plénière à
l’issue des travaux en commission, sont arrêtés, tour à tour, au Ghana
puis extradés en Côte d’Ivoire, Monsieur Jean Yves DIBOPIEU, un leader
des jeunes et le commandant Jean Noël ABEHI, un officier de la
gendarmerie nationale. Ces deux personnes sont également détenues au
secret à ce jour.
- Sur le territoire ivoirien, la chasse à
l’homme, particulièrement dirigée contre les partisans ou supposés
proches du président Laurent Gbagbo, se poursuit, sans aucune trêve : de
nombreuses personnes, hommes, femmes, et jeunes, sont écroués,
torturés, exécutés sommairement, sans la moindre justification ;
-
Le 5 mars 2013, le régime a mis sous séquestre les biens,
meubles et immeubles, ainsi que les avoirs bancaires, d’une vingtaine de
partisans de Laurent GBAGBO, récemment libérés provisoirement des
prisons.
Le Front Populaire Ivoirien, tout en protestant contre
ces exactions, a condamné vigoureusement la propension à la violence du
régime et a demandé la libération de tous les prisonniers politiques
ainsi que la cessation de la situation de terreur généralisée sur tout
le territoire national. Cela, de notre point de vue, constitue la voie
indiquée, pour le retour à la sérénité, à la confiance mutuelle et pour
la tenue d’un dialogue véritable et sincère préalables à la
réconciliation. Le régime, dans une position de mépris de toute
position autre que la sienne, a ignoré les positions et déclarations du
Front Populaire Ivoirien, et a continué d’exercer avec obstination la
persécution des populations. Par ailleurs, pendant que se poursuivait le
dialogue, dont l’un des points focaux était les élections locales avec
la question de la recomposition de la CEI, le redécoupage électoral et
la date de la tenue du scrutin, le Front Populaire Ivoirien apprenait,
par voie de presse, que ces élections municipales couplées avec les
régionales devaient se tenir le 21 avril 2013. Toute la situation
demeurait inchangée, comme si personne n’avait exprimé la moindre
réserve.
Devant tous les agissements discourtois du régime, le
Front Populaire Ivoirien a pris acte de son exclusion de fait des
élections par le pouvoir. Nous avons été exclus du jeu politique de
notre pays, bien qu’étant le parti majoritaire. Il ne nous restait plus,
pour ces élections locales dont on nous a exclus qu’à démontrer notre
communion avec le peuple ; ce que nous avons montré en appelant à un
boycotte pacifique des élections du 21 avril 2013. Le boycotte a été
massivement observé par la population, dans son ensemble, sur toute
l’étendue du territoire, ce qui a donné un taux de participation
dérisoire au scrutin, le frappant d’illégitimité et d’un discrédit
certain.
A la date d’aujourd’hui, aucune des propositions que
le Front Populaire Ivoirien a exposées au gouvernement, dans le cadre du
dialogue républicain, n’a fait l’objet d’une attention sincère. Même
les éléments de discussion reconnus comme des points de convergence
n’ont pas eu le moindre début d’exécution. Il s’agit notamment :
- de la libération des domiciles et sites privés occupés par les FRCI ;
- du versement de la quote part du FPI au titre du financement des partis politiques sur fonds publics ;
- du libre exercice de l’activité politique, notamment les meetings, marches et autres rassemblements.
Monsieur
Ouattara et ses partisans ont créé la crise en Côte d’Ivoire. Cette
crise perdure et s’aggrave au fil des jours. Ils ont utilisé les armes
et la violence là où le Front Populaire Ivoirien prônait le dialogue et
les invitait à s’asseoir pour discuter, en vue de bâtir la démocratie.
Arrivés au pouvoir par la violence, le sang et les crimes de toutes
sortes, ils affichent du mépris pour les autres. Aujourd’hui, on
dénombre plus de 700 prisonniers politiques, civils et militaires, des
milliers de disparus en plus des dizaines de milliers d’exilés. La Côte
d’Ivoire est devenue une vaste prison à ciel ouvert et un espace de
grande insécurité. Le dernier acte discourtois et de mépris du régime
réside dans le fait qu’au moment où le Premier Ministre invite la Front
Populaire Ivoirien à la reprise du dialogue, à partir du 27 juin 2013,
ce régime enlève Monsieur KOUA Justin, premier responsable de la
jeunesse et membre de la direction de notre parti. Cet enlèvement s’est
fait le 7 juin 2013 à 19 heures au siège provisoire du FPI, par une
quarantaine d’hommes lourdement armés, sans mandat d’emmener, comme dans
une mise en scène des fictions hollywoodiennes ! Et ces hommes, armés
jusqu’aux dents, ont brutalisé des personnes présentes tout en menaçant
de les tuer s’ils ne retrouvaient pas KOUA Justin. Tout cela, pour des
crimes qu’ils n’ont pu indiquer ni à KOUA Justin ni à ceux qui étaient
présents sur les lieux, parce qu’inexistants et qu’ils fabriqueront plus
tard dans les cellules de conception du faux au service de la terreur.
Cet
acte constitue pour le Front Populaire Ivoirien, la barbarie de trop !
C’est pourquoi, nous prenons, ce jour, à témoin, l’opinion nationale et
internationale et chaque habitant de la Côte d’Ivoire, afin que tout le
monde constate que malgré notre bonne volonté et notre choix, sans
équivoque, de résolution des problèmes par la voie du dialogue et de la
concertation, nous avons en face un régime totalement ancré dans la
violence, l’illégalité, le faux et le mépris des autres. Le régime
Ouattara est totalement opposé au dialogue et à toute norme
démocratique. Il réprouve toute confrontation d’idées et préfère se
murer dans la violence totalitaire.
En conséquence, mesdames et
messieurs les journalistes il convient de noter ce jour que le Front
Populaire Ivoirien réclame prestement avant l’ouverture de la prochaine
réunion :
1. La libération de KOUA Justin, secrétaire national de la JFPI et membre de la direction du parti ;
2.
L’application des articles 11 et 12 de la Constitution ivoirienne
relatifs aux libertés de manifester et à l’interdiction de contraindre
tout ivoirien à l’exil ;
3. La mise en œuvre effective des
points de convergence obtenus lors de la première partie du dialogue
politique, notamment le dégel des avoir, le paiement des arriérés 2011
et 2012 du financement public des partis politiques dû au FPI etc…
4. La mise sur pied d’un comité de médiation et de suivi pour le dialogue républicain ;
Nous
pensons que l’acceptation et la mise en œuvre sans délai de ces
préoccupations légitimes, créeront un environnement propice à la reprise
des négociations, en ce qu’ils constituent un gage de bonne foi du
gouvernement.
Mesdames et Messieurs,
Cher amis,
Chers camarades,
Merci de votre attention, et merci encore d’être venus !
Mesdames et Messieurs les journaliste, je suis à vous pour les précisions éventuelles que vous voudrez bien demander.
Fait à Abidjan, le 27 juin 2013
Le Secrétaire Général par intérim & Porte-parole
Dr KODJO Richard
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