LE MONDE DIPLOMATIQUE DEMASQUE OUATTARA
par Theophile Kouamouo
Quand "Le Monde diplomatique" démasque le régime Ouattara (extraits)
Le titre se passe de
commentaires. «Un territoire hors de contrôle – Guerre pour le cacao
dans l’ouest ivoirien». Le périodique français Le Monde Diplomatique
donne à lire, dans son édition de septembre, un article de terrain
accablant pour le régime Ouattara et les FRCI. C’est un article qui
tranche avec la langue de bois et l’incroyable complaisance qui
caractérise les médias hexagonaux depuis la prise de pouvoir de l’actuel
chef de l’Etat. Et qui ne tarde pas à désigner décrire ce qui se passe
dans l’Ouest par son nom : un mouvement de «colonisation». «A Abidjan,
les exactions contre les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo
se sont multipliées cet été. Si M. Ouattara a finalement pris le
pouvoir, en mars 2011, après la crise postélectorale est encore loin.
Dans l’ouest du pays, l’Etat ne contrôle plus rien ; des mafias ont mis
la main sur l’économie du cacao», résume le journal. Extraits de
l'article de Fanny Pigeaud, consacrés à Amadé Ouérémi, le chef de la
milice burkinabé et aux contrebandes juteuses des hommes de guerres de
Ouattara. Les intertitres suivis d'une astérisque (*) sont de moi.
Amadé Ouérémi et la milice burkinabé de l'Ouest*
Après la signature de l’accord de paix
(4), le 26 janvier 2003, d’ex-combattants rebelles profitent de
l’accalmie pour s’emparer des portions de territoire : M. Amadé Ouérémi,
un Burkinabè ayant grandi en Côte d’Ivoire, s’installe ainsi avec
plusieurs dizaines – voire plusieurs centaines – d’hommes armés dans le
parc national du mont Péko, à 35 km au nord de Duékoué. Ils y cultivent
notamment du cacao. Impossible de les déloger : en 2010, ils chassent
même des agents de l’Office ivoirien des parcs et réserves et incendient
leur véhicule. Un autre phénomène déstabilisateur apparait en 2007 :
l’arrivée par cars entiers de Burkinabè. En toute illégalité, beaucoup
s’établissent dans la forêt de Goin-Dédé où ils développent des
plantations de cacao. Dans le même temps, de nombreux déplacés de la
guerre ne parviennent pas à récupérer leurs champs.
(...)
Les villages ont perdu tous leurs habitants autochtones
A cela s’ajoute l’immigration burkinabé
d’une ampleur sans précédent. Huit cars transportant chacun environ 200
personnes arrivent désormais chaque semaine à Zagné, à 50 km au nord de
Taî. Une partie de ces voyageurs s’entassent aussitôt dans des camions
de chantiers qui prennent la direction du Sud Ouest. Leur installation
se trouve facilitée par l’absence d’une grande partie de la population
autochtone – au moins 70.000 personnes réfugiés au Liberia. Les treize
villages implantés au sud de Taï ont ainsi perdu tous leurs habitants
autochtones. Sauf : fin juin, à Tiélé Oula, il restait 9 Oubi sur les
quelque 200 qui y vivaient avant 2011, pour 3000 Burkinabè.
La culture du cannabis a commencé...
Si certains Burkinabé investissent les
champs des absents, beaucoup gagnent les forêts de Goin-Débé et de
Cavally désormais totalement ravagées. Dormant sous tente, ils y
plantent des cacaoyers, des hévéas mais aussi du cannabis. A
Yamoussoukro et à Abidjan, la situation est connue. Fin mai, le
gouvernement a ordonné l’évacuation des forêts avant le 30 juin. Sans
résultat. ‘L’Etat doit contrôler les frontières, assène le maire adjoint
de Tai, M. Téré Téhé. Et il ne faut pas attendre que ces gens aient
fini de planter pour les chasser’’.
Problème : les nouveaux occupants sont
armés. Observant un jeune paysan burkinabè partir au champ un fusil en
bandoulière, le chef autochtone du village de Tiélé Oula, M. Jean
Gnonsoa ne cache pas son désarroi : ‘’Ici les étrangers peuvent avoir
des armes mais pas les autochtones’’ – sous peine de représailles.
‘’Comment régler sereinement un litige foncier face à quelqu’un qui est
armé ?’’, s’interroge M. Téhé. ‘’Les Burkinabè nous disent que le
président qui est venu (M. Ouattara) est leur homme. Et qu’ils ont donc
le droit de tout faire’’, déplorent des villageois. De fait, certains
s’emparent de plantations déjà occupées. (...)
Une contrebande qui profite bien aux FRCI*
Une chose est certaine : les FRCI se
sont arrogé le droit de percevoir les taxes qui devraient normalement
revenir à l’Etat. Selon un rapport de l’Onu, elles prélèvent aussi ‘’de 4
à 60 dollars beaucoup plus’’, sur les déplacements de personnes et de
véhicules (5). Et elles rackettent les paysans : dans un village près de
Taï, une femme se plaint de devoir leur payer 20 000 FCFA (30 euros)
par mois pour accéder à sa plantation.
Après la mort des Casques bleus,
plusieurs centaines d’éléments Frci ont été déployés autour de Taï pour
une opération de ‘’sécurisation’’ dirigée par le commandant Losséni
Fofana alias Loss. Ancien chef de guerre des Forces nouvelles, ce
dernier commandait déjà les troupes qui ont attaqué Duékoué en 2011. Ces
soldats auraient joué un rôle important dans le massacre des Guérés .
Pour l’actuelle opération de ‘’sécurisation’’, il a fait installer de
nombreux points de contrôle. Les mauvaises langues assurent qu’un seul
sac de cacao n’échappe au racket des Frci. Et peut-être aussi à la
contrebande vers le Ghana.
(...)
Le massacre de Nahibly orchestré pour tuer des témoins gênants ?*
Fin juillet, des centaines d’individus
parmi lesquels des dozos et des Frci ont attaqué et détruit le camp de
déplacés du Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR),
près de Duékoué. En toute impunité. Des sources humanitaires parlent de
137 cadavres retrouvés dans les jours qui ont suivi ; des dozos ont
également cherché à faire disparaitre de nombreux corps. Plusieurs
indices laissent penser que cette attaque avait été planifiée de longue
date. Sous couvert d’anonymat, un spécialiste de la région nous confie :
‘’Le camp était gênant car les témoins du massacre de mars 2011 s’y
trouvaient. Aujourd’hui, ils sont morts ou disparus. C’est ce que
voulaient ceux qui ont organisé l’opération’’.
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